J’étais ultra excité par ce track dans le top 10 des plus beaux tracks au monde. J’en garderai un souvenir amusant mais très mitigé. Je récupère Charlène, ma compagnonne pour 4 jours, à la sortie de Te Anau et, après préparation de nos sacs, on file prendre le ferry. 1h30 pour atteindre le départ du track. On en profite pour faire connaissance. Elle vit en Belgique, un peu roots dans l’âme, elle alterne les périodes de boulot et les changements de vie. Elle est partie seule avec son sac à dos et sillonne les routes en stop pendant 4 mois. Encore une histoire différente ! Intéressant… Plutôt que de vous faire un récit détaillé jour par jour barbant de ce track, je vous propose de vous en résumer les points positifs et négatifs.

Les – d’abord :


4 jours pour faire ce track c’est bien trop ! 53 kms soit 13 kms jour en moyenne avec peu de dénivelé, ça relève de la promenade digestive plus que du track. Le but est de profiter je le conçois mais nous sommes partis tous les jours à 9h, soit 2h après la plupart de nos camarades de dortoir et nous sommes toujours arrivés les premiers au refuge entre 12h et 14h. Le premier jour, l’étape est de 5,5 kms. Bouclée en 1h…

-  Les huts sont un véritable business : Oui dans une région qui cumule les précipitations, dormir en refuge est certes confortable mais à 54 NZD la nuit c’est cher, très cher, sachant qu’il n’y a pas de douche par exemple (même froide). Les réservations des mois à l’avance ne permettent pas de ne booker que 1 ou 2 huts (si vous voulez le faire en moins de temps). Tout est fait pour engranger 162 dollars par personne (prix de 3 nuits). Ajoutez à cela 130 dollars de bateau. Vous avez un track à quasiment 300 dollars.

Le temps ! Sur tous les prospectus, vous trouverez « quand vous vous lancez sur le Milford Sound Track attendez –vous à au moins un jour de pluie ». Bon, pas de chance, on en a eu 3,5 sur 4. Le temps est très instable et le track peut être vite dangereux. Les vallées sont peuplées de forêts et d’abondantes rivières. Si vous regardez sur les côtés, les montagnes du Milford sont vertigineuses (parfois 1.500 m à pic au-dessus de vos têtes). En hiver, le risque d’avalanche est grand. Pendant les autres saisons, les pluies parfois diluviennes forment des cascades qui viennent alimenter abondamment les centaines de rivières. Ces dernières ne tardent pas à déborder. Le deuxième jour de pluie, nous avions de l’eau jusqu’au genou sur le track ! Nous avons vu des photos avec des gens avec de l’eau jusqu’aux hanches. Au final pour nous, cela a été 3 jours trempés avec de belles éclaircies en arrivant à Milford Sound.

Le respect des gens : Faites-vous à l’idée, le Milford Sound n’est pas un trek de montagnard. Plutôt de gens peu marcheurs qui se lancent un défi ou veulent voir le sublime paysage promis. Nous avons donc eu le droit au chinois qui pète quand t’es à proximité, qui te rote à la gueule, les gens qui te prennent ton lit alors que tu l’as réservé dans les règles, ceux qui enlèvent tes affaires de l’étendoir près du feu pour y mettre les leur et les personnes matinales qui ne se soucient absolument pas de ton sommeil. De ce côté-là, grosse désillusion. Même les 2 familles kiwis avec qui nous avions pourtant sympathisé nous ont déçus.

Un paysage sans grande diversité : En bout de voyage, vous allez me trouver difficile. Mais quand tu en prends tellement plein les yeux pendant 2 mois, que l’on te vend un des plus tracks du monde, tu arrives avec des attentes (sans doute trop grandes pour moi). Au final le Milford, je le résumerai comment… De la forêt, des rivières, des cascades, des montagnes, de rares lacs. Après, je tempère… Mc Kinnon Pass qui devait figure de point d’orgue notre track s’est avéré être une apocalypse. Brouillard, vent de crête très violent et très froid, pluie abondante. Le plaisir et la vue n’était pas au rendez-vous.

Les sandflies : Nous avons eu conscience d’avoir été quelque peu épargnés avec la pluie et le vent. Mais quand on est arrivés à Sandfky Point avec le soleil, je peux vous dire que pour être soft, les sandflies te font pas l’amour, ils te gangbanguent !! N’oubliez surtout pas votre protection quoi qu’ils arrivent ! Manches longues, pantalons et couleurs claires/vives peuvent s’avérer également utiles.


Les + quand même :


Les cascades : Si la forêt m’a souvent laissé une saveur monotone durant ce track, je me suis esbaudi (pour toi Papa) devant bon nombre de cascades. Impossible de les dénombrer. Des cascades « permanentes » des rivières à forts dénivelés aux « éphémères » créées par les pluies diluviennes. C’est un vrai régal pour les yeux. Avec du soleil, je me serais sans doute baigné dans chacune d’elle !


L’entretien du DOC : Rendons à César ce qui est à César. Ok les huts sont chères mais les rangers les entretiennent de manière quasi-militaire. Toujours impeccables, un poêle dans chaque hut (très agréable quand vous arrivez détrempés), des cuisines équipées (pas besoin d’amener son gaz), des sentiers très bien entretenus si on occulte les phénomènes naturels. Rien à dire !


Le discours du ranger : Voilà une bien étrange tradition ! Alors que tout le monde mange, vit, tous les soirs à 19h30, le silence se fait… Le ranger est entré dans la pièce et vous cause pendant 30 minutes ! Il vous parle de la météo des jours suivants, de votre marche du lendemain, des oiseaux… Souvent avec humour ! Assez funky même si, ne nous le cachons pas, nous n’avons pas toujours compris les subtilités (je ne saurais pas faire la différence entre un mâle et une femelle blue duck malgré les explications) et parfois le discours a fait office de berceuse. 20h quand tu es là depuis 12h c’est déjà tard !

Les fous rires avec Charlène : Evidemment je n’oublie pas ma chère partenaire. Il est vrai que nous avons des vies super différentes. On n’est pas vraiment globalement dans le même trip. Cohabiter un mois aurait sans doute était difficile. Mais ces 4 jours ensemble ont été parfaits. Riches en fous rire, en Uno et contrées. Merci pour ta simplicité et ta bonne humeur coupine !!


Notre track s’achève donc le dimanche avec un magnifique soleil au Milford. Quel bonheur après 3 jours apocalyptique !! Nous profitons d’un déjeuner avant de nous mettre au stop direction le parking de départ. Un israélien s’arrête après 10 minutes. Nous passerons la nuit à Te Anau après 2 courses, une bière en compagnie de Jade (bonne amie de Charlène) et son copain vénézuélien rencontré sur les routes et 1 heure de douche chaude ! Le pied !